Adieu grand-père Spécial
Un proche aimant et aimé qui, soudain, n’est plus là. Ne pas avoir eu le temps de lui dire au revoir avant son décès. Ne pas l’avoir revu. Ne pas avoir pu aller à son enterrement, même. Une situation dont beaucoup ont souffert au plus fort de la crise de la Covid-19. J’ai vécu cela avec mon grand-père il y a vingt ans. Et j’ai toujours le sentiment qu’il m’a manqué une étape dans ce deuil.
Oui, je peux aujourd’hui me recueillir sur sa tombe, spécialement le jour de la Toussaint, comme le fait depuis son enfance le sculpteur des croix du cimetière atypique de Bellegarde (FR) qui nous a ouvert les portes de son atelier. Mais il m’a manqué à ce moment-là un geste, un regard, une parole pour dire au revoir. Pour accepter pleinement de laisser partir l’être cher. Entre le décès et l’ensevelissement, l’espace est souvent là pour une telle étape. Que l’on soit croyant ou non, dans les derniers moments de la vie, les rituels sont une aide pour effectuer ce passage. Dans l’intimité de la famille ou entouré d’une communauté plus large, on fait appel à un prêtre ou à un pasteur pour effectuer un signe de croix, donner une bénédiction, encenser le cercueil du défunt. Voir son corps y reposer et prononcer un discours en son honneur durant une cérémonie: autant d’actes que l’on peut poser. Dans les traditions musulmane et juive, certains proches vont même jusqu’à laver le corps de leur défunt selon un rituel de purification. Une musulmane confie à l’Echo comment le fait d’accomplir ce geste pour sa mère défunte avait apaisé son chagrin.
Selon plusieurs croyances, les rites doivent être respectés pour que l’esprit du défunt soit en paix. Mais le repos des vivants peut aussi s’en trouver troublé des années après le décès: c’est le cas d’une communauté congolaise qui réclame les ossements d’ancêtres exhumés et conservés à Genève où ils ont été examinés par des scientifiques (pages 18-19).
«Accomplir ce geste pour sa mère défunte a apaisé son chagrin.»
Il est essentiel de marquer la séparation, l’adieu. Adieu sur cette terre. En attendant de nous retrouver là-haut, si Dieu le veut. Ou sur l’autre rive, comme le dit ce poème de William Blake où le défunt, symbolisé par un voilier, disparaît à notre vue, mais continue d’exister ailleurs: «C’est ça la mort! / Il n’y a pas de morts. / Il y a des vivants sur les deux rives».
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