La digue du bon sens Spécial

Écrit par 
  • Publié dans Edito

  • L’Amérique est-elle en déclin? Ce présage court depuis la fin de la guerre froide, plus encore depuis la présidence chaotique de Donald Trump et l’agressivité de la Chine de Xi Jinping. Ce n’est pas certain: sur le plan des idées, l’Europe, occidentale du moins, est encore massivement sous l’influence de celles qui naissent aux Etats-Unis. La preuve avec la vague de fond woke dont le progressisme écervelé croit avoir inventé la roue via l’entreprise délétère de la déconstruction à tout va.

    Depuis peu, ces élucubrations s’immiscent un peu partout. Les documents administratifs et publicitaires se noient sous la laideur insondable du langage inclusif. Les digues se rompent dans les écoles et les universités, faisant douter de la vision de ministres en charge de l’instruction publique. Le mot sexe «s’invisibilise» comme de la vase suspecte sous l’injonction du genre, ce qui est piquant vu que l’injonction est une pratique honnie par l’alliance biscornue du néo-féminisme et de la mouvance LGBTQIA+. Les études coloniales classiques, qui n’intéressaient pas grand-monde au demeurant, et l’antiracisme d’il y a peu sont d’un coup submergés par une hystérie de la race. Des criards dénient tout fondement à l’universalisme. Quant à l’humanisme, il serait un épiphénomène blanc à jeter dans les poubelles de l’histoire…

    Il est temps d’opposer une fin de non-recevoir aux divagations woke.

    Est-ce bien sensé? Ce n’est pas la première fois que des gens faisant métier de penser inondent la rationalité de leur militantisme aveugle et sourd à toute complexité. Souvenons-nous des méchancetés ultragauchistes de Jean-Paul Sartre. D’Aragon poétisant à la gloire de Staline. Le musée des horreurs intellectuelles est hélas très garni. Les années maoïstes et trotskystes n’ont pas de quoi nous rendre nostalgiques. Mais ce n’est pas une raison pour avaler toutes les couleuvres crachées par notre époque. Alors que l’empire des GAFAM et les woke tissent leur toile asphyxiante – l’autocensure n’a vraisemblablement jamais été aussi répandue dans des pays dits «libres» –, il est temps d’opposer une fin de non-recevoir à ces divagations. Il en va du débat, de la démocratie et de la science. Du sort de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. D’une foi élémentaire dans le bon sens, en définitive.

    Articles en relation


    Sport: vers une catégorie transgenre

    La participation à des épreuves féminines d’athlètes dotées d’un taux anormalement élevé de testostérone n’en finit pas de susciter la controverse. Le cas de la nageuse américaine Lia Thomas est emblématique.


    «Non aux divagations woke»

    Historien des sciences à la Sorbonne, le professeur émérite de philosophie Jean-François Braunstein s’alarme de la vague woke venue des campus américains. Au nom de la lutte contre les discriminations, les revendications de ces militants «éveillés» ressemblent à une néo-religion dont la furie déconstructiviste conduit à une volonté fanatique de destruction. Entretien vigilant.

    Se connecter

    A lire dans l'Echo de cette semaine

    Quand la bande-son s’arrête

    19-09-2023

    Quand la bande-son s’arrête

    A quoi ressembleraient nos vies si nous évoluions dans une comédie musicale? Si quelques pas de danse accompagnaient nos déplacements, si les percussions nous remettaient dans le rythme lorsque nous...

    L’humanité des humanitaires

    19-09-2023

    L’humanité des humanitaires

    A la tête du Comité international de la Croix-Rouge durant près de six ans, Paul Grossrieder a vu de près les horreurs du Rwanda, mais a aussi rencontré Nelson Mandela...

    Le manque de petits-enfants

    19-09-2023

    Le manque de petits-enfants

    De moins en moins de personnes en Suisse ont des enfants. Bien qu’il s’agisse souvent d’un choix, il fait parfois souffrir les seniors qui aimeraient avoir des petits-enfants mais n’ont...

    Le portrait de l’Echo: Jeff Roux

    19-09-2023

    Le portrait de l’Echo: Jeff Roux

    Jeff Roux travaille à l’hôpital avec les malades, derrière les barreaux avec les détenus et à l’Hôtel-Dieu à Sion avec les démunis. Trois «lieux de vérité», dit-il, où l’aumônier écoute...

    La relève vigneronne

    19-09-2023

    La relève vigneronne

    Rares sont les vignerons qui n’ont pas hérité du domaine familial. Pourtant, ils existent! Exemples dans la campagne genevoise et sous le soleil valaisan de Fully où deux trentenaires, représentants...

    Le vin des écrivains

    19-09-2023

    Le vin des écrivains

    A Sierre, le Musée du Vin détaille le rapport au divin nectar de Rilke, Hesse et Dürrenmatt, avec en appoint des photographies de la Valaisanne Laurence Bonvin. On y apprend...

    L’Eglise veut espérer

    19-09-2023

    L’Eglise veut espérer

    La compassion pour les victimes et la colère à l’endroit des coupables semblent dominer après la publication le 12 septembre du rapport sur les abus commis dans l’Eglise en Suisse...

    30 ans de PAJU

    19-09-2023

    30 ans de PAJU

    Passe-moi les jumelles, PAJU pour les intimes, fête ses 30 ans. Pour l’occasion, Matthieu Fournier remonte le temps avec les présentateurs et présentatrices emblématiques de l’émission: Benoît Aymon, Manuela Maury...

     

    Essayez l'Echo sans compromis


    Recevez l'Echo à domicile GRATUITEMENT pendant 1 mois

    En savoir plus

     

    NEWSLETTER

    Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez nos contenus et promotions en exclusivité!





    Echo Magazine © Tous droits réservés