Le même chemin Spécial
Promesse tenue! Dieu lui-même nous rejoint dans l’enfant de la crèche. Petit, fragile, vulnérable: «Le Dieu Tout-Puissant choisit l’extrême dépendance de l’enfant qui vient de naître pour partager notre vie afin que nous partagions la sienne», écrit Mgr Olivier Leborgne, évêque d’Arras, dans un petit livre stimulant, Prière pour les temps présents (Seuil).
Il est là, celui que les prophètes ont annoncé au long des siècles, celui qu’Israël attendait comme sauveur. L’attente a pris fin: désormais l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, habite nos vies, emprunte nos routes humaines, ouvre des brèches dans nos murs.
Noël, fête par excellence de la fraternité et de la solidarité. Prenant chair de notre chair, Dieu a refait «le chemin que tous et chacun nous vivons», écrit Olivier Leborgne. Mais le drame se noue dès l’imminence de sa naissance: Marie et Joseph ne trouvent pas de place dans la salle commune, il vient au monde en pleine nuit dans le dénuement d’une étable et un décret de l’empereur César Auguste jette sans délai la petite famille sur les routes de l’exil. Noël «ne fait pas l’économie du mal du monde»; cette fête rappelle que «Dieu a décidé d’y plonger pour commencer par se le prendre en pleine figure». Noël, promesse tenue. Au cœur de la dureté du monde. L’espérance que cette fête annonce «s’incarne immédiatement dans la blessure, et tout particulièrement celle de l’exclusion et de la migration».
Dieu a plongé au cœur du monde pour «se le prendre en pleine figure».
Alors oui, «celui qui est né dans une mangeoire parce qu’il voulait devenir nourriture pour nous» «ne consomme personne mais légitime l’existence de chacun, à commencer par le plus démuni», note très justement l’évêque d’Arras. Dès sa naissance, Jésus est du côté des petits, des pauvres, des sans-voix: parce qu’il se fait enfant, infans, celui qui ne parle pas, et parce qu’il est exclu et migrant.
Il dérange. Avec Mgr Leborgne, posons-nous la question: «Tout dérangement est-il mauvais?». Rude, certes, car il nous déloge toujours. Mais le refuser, «c’est refuser l’altérité de l’autre et la vie comme chemin». A Noël, le Tout-Autre se fait l’un de nous: «Jésus, révélation de Dieu qui dérange». Il prend visage d’enfant, de pauvre, de petit. Depuis ce jour, Dieu et l’homme comme deux «fils inextricablement liés».
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