Le nom de la paix Spécial
Stupeur à Munich! La récente Conférence sur la sécurité nous a appris qu’il n’est pas l’heure de négocier la paix en Ukraine. Quelle nouvelle alors que l’un des belligérants brandit la menace nucléaire et que dans l’autre camp on livre des armes comme des coursiers à vélo livrent des repas… Au vu de l’escalade actuelle, on se doutait un peu que les faucons n’étaient pas près de laisser sa chance à une colombe. Les chefs d’Etat qui prennent des postures de chefs de guerre tout en assurant que leur Etat ne l’est pas, en guerre, sont pris à leur propre jeu. Perdre une guerre, c’est une chose. Mais perdre la face!
Alors, repartie comme en 14, la Russie compense son impréparation en lançant des soldats au front comme on jette des brindilles au brasier en espérant qu’il restera encore du bois après l’hiver. Tandis que les dirigeants occidentaux, convaincus qu’ils ne paieront pas le prix de ces batailles par procuration, ne peuvent plus se dédire et alimentent, avec plus ou moins de conviction, la machine de guerre ukrainienne. Pour quel résultat? La satisfaction d’être le plus grand défenseur du bien? Ou le plus sage parmi les insensés?
D’enjeu géostratégique, l’Ukraine est devenue un jouet.
D’enjeu géostratégique, l’Ukraine est devenue un jouet, l’accessoire d’une partie qui s’éternise comme un interminable jeu de société un dimanche pluvieux. Sur la table du salon ou le bureau feutré d’un état-major, les dés ne font pas de bruit en roulant. Alors il est facile d’oublier que des gens meurent, que des gens ont faim, que des gens ont froid, que des gens ont peur. Il est facile d’oublier qu’à part l’industrie de l’armement, personne ne profite de la guerre. Surtout pas les petits, dont la vie n’est déjà pas toujours facile sans mitraille. Pour eux, oui, il est l’heure de retrouver la paix.
La réclamer n’est ni populiste ni prorusse ni naïf. La réclamer est humain dans le sens où nous sommes appelés à chercher le bien et la justice, qui ne s’épanouissent pas sous les bombes. Hélas, même la Suisse des bons offices l’a oublié. Et, un an après, on en est réduit à se demander si la paix n’a pas pour nom Godot.
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