Vatican: La caserne sera rénovée Spécial
Le Saint-Siège et la Fondation pour la rénovation de la caserne de la Garde suisse pontificale ont signé le 4 mai une convention de coopération en vue de rénover la caserne de l’armée du plus petit Etat du monde.
Le document signé le 4 mai permet de régler la coopération pendant la phase de planification des travaux qui devraient commencer dès le 1er janvier 2026, après l’Année sainte 2025. L’actuelle caserne, qui date du 19e siècle, a fait son temps. Les signataires du protocole étaient d’une part le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, d’autre part Jean-Pierre Roth et Stephan Kuhn, respectivement président et vice-président de la Fondation pour la rénovation de la caserne de la Garde suisse pontificale (GSP). Etaient présents lors de la signature Denis Knobel, ambassadeur de Suisse près le Saint-Siège, qui réside à Rome depuis le 6 mai, ainsi que le colonel Christoph Graf, commandant de la Garde suisse pontificale.
Un «monument historique vivant»
Lors d’une conférence de presse donnée après la signature, Jean-Pierre Roth s’est réjoui de l’avancement du projet qui permettra d’améliorer le service du «monument historique vivant» qu’est la GSP. Il a souligné l’importance que constitue cet investissement pour son pays, rappelant qu’à Rome, «tout le monde veut une photo avec les gardes». Il a insisté sur la grande valeur «institutionnelle» de cette présence au Vatican. Le protocole signé délimite le cadre de la collaboration – notamment en matière de contrôle des opérations financières – entre les parties et les différentes entreprises engagées dans ce projet. Sont mentionnés le cabinet d’ingénieurs suisses Schnetzer Puskas de Bâle et le cabinet d’architecture Durisch + Nolli de Massagno (TI), qui travaillent sur les aspects techniques de cette rénovation. Les plans de rénovation doivent être examinés par les autorités compétentes du Vatican ainsi que par plusieurs organismes nationaux et internationaux dont l’UNESCO, la Cité du Vatican appartenant intégralement au patrimoine mondial de l’humanité. Initialement prévus pour 2023, les travaux pourront commencer à partir de 2026, le pape François souhaitant qu’ils interviennent après l’Année Sainte qui sera célébrée en 2025, a souligné Jean-Pierre Roth. «Il est encore trop tôt pour parler de la fin des travaux», a-t-il ajouté, expliquant qu’une nouvelle convention devra être signée avant 2026 pour les encadrer. «Ça va toujours lentement au Vatican», a soufflé une source proche du dossier.
La fondation a d’ores et déjà récolté 42,5 millions de francs sur les 50 millions attendus
42,5 millions récoltés
La fondation a d’ores et déjà récolté 42,5 millions de francs sur les 50 millions attendus sous forme de dons et de promesses de dons. Cette somme comprend 5 millions de francs pris en charge par le Saint-Siège pour le logement de la Garde suisse pendant les travaux. Les gardes n’habiteront pas, finalement, dans des bâtiments préfabriqués, comme prévu initialement, mais dans plusieurs immeubles romains propriétés du Saint-Siège qui sont actuellement vides, a expliqué Jean-Pierre Roth. De leur côté, la Confédération financera le projet à hauteur de 5 millions de francs et les cantons à hauteur de 4,5 millions de francs. Il reste à rassembler 7,5 millions de francs. La fondation se dit confiante dans sa capacité à réunir cette somme «dans les prochains mois».
Présenté au pape le 2 octobre 2020, le projet de rénovation de la caserne de la Garde suisse pontificale s’explique par l’inadaptation des structures existantes ainsi que par l’augmentation des effectifs demandée par le souverain pontife – de 110 membres à 135. Les nouveaux bâtiments proposeront des chambres individuelles, notamment pour des raisons sanitaires apparues évidentes pendant la crise pandémique. Cette restructuration permettra aussi d’intégrer des femmes gardes «le jour où cela sera décidé», a expliqué Jean-Pierre Roth. Il a cependant insisté sur le fait que cette décision n’avait «rien à voir avec la fondation» et revenait entièrement au Vatican et au pape François.
Ecologie et pèlerins
Jean-Pierre Roth a enfin souligné l’aspect écologique de la rénovation de la caserne qui sera effectuée selon les standards suisses. «Le cabinet d’architecture a beaucoup insisté sur cet aspect-là», a-t-il précisé, évoquant la suppression à terme de la climatisation, l’installation de pompes à chaleur et de panneaux solaires et un meilleur traitement de l’eau, notamment sous l’angle de la récupération. Un autre volet de la rénovation comporte l’ouverture de la portion finale de l’antique Via Francigena – chemin de pèlerinage reliant Cantorbéry à Rome et passant notamment par l’abbaye de Saint-Maurice, en Valais. Elle doit permettre aux pèlerins de cheminer à l’intérieur de la caserne en suivant le tracé originel pour rejoindre la place Saint-Pierre.
Des enjeux sécuritaires
Cette initiative, comme le reste de la rénovation, devra répondre avec sérieux à certaines questions qu’elle pose en matière de sécurité avant d’être confirmée, confie une source vaticane. Devront aussi être résolus plusieurs problèmes techniques, notamment la relocalisation d’une imposante fontaine en pierre barrant l’accès à l’actuelle cour d’honneur de la Garde suisse à laquelle les gardes sont attachés. Il faudra aussi créer une façade sud du nouveau bâtiment pour le désolidariser du célèbre Passetto di Borgo, le chemin de garde qui mène de la basilique Saint-Pierre au château Saint-Ange. C’est là que moururent héroïquement nombre de gardes suisses pendant le sac de Rome le 6 mai 1527.
Agence cath.ch
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