James Cameron, le cinéaste des autres mondes Spécial

De Terminator à Aliens, le retour en passant par Abyss, Titanic et le second volet d’Avatar, qui vient de sortir, le cinéaste canadien est le recordman des succès au box-office. Son amour de la science-fiction et des grands fonds marins est égal à son souci de l’environnement.
L’avenir professionnel de James Cameron était-il tracé dès sa naissance le 16 août 1954 à Kapuskasing (Ontario) au Canada? Père ingénieur, mère peintre, sculptrice et décoratrice: son sang est coloré de technologie et d’art. «Depuis toujours, j’aime l’ingénierie et la narration, dit-il. Je suis un mélange de mon père et de ma mère non seulement sur le plan biologique, mais également au niveau de mes envies. Pour moi, le cinéma est une forme d’art technique.» Peut-être aussi son vif intérêt pour la mer et l’univers mystérieux des profondeurs océanes lui vient-il d’une enfance passée à deux pas des chutes du Niagara…
Le box-office en émoi
James Cameron possède une collection de sous-marins et a exploré, seul aux commandes du minuscule Deepsea Challenger, le site le plus profond connu à ce jour. Descendant à 10’898 mètres dans la fosse des Mariannes dans l’océan Pacifique, baptisée Challenger Deep, il a établi le 26 mars 2012 le record mondial pour une plongée en solitaire.
Sa passion pour le monde aquatique et l’exploration des profondeurs abyssales, le réalisateur devenu maître incontesté des effets spéciaux n’a eu de cesse de la cultiver. Tantôt au travers de documentaires comme Expedition Bismarck, retraçant le naufrage du célèbre cuirassé allemand torpillé le 26 mai 1941, ou Aliens of the Deep, consacré aux créatures des grands fonds marins. Tantôt au travers de la fiction. Il y a d’abord eu Terminator en 1984 (avant le second sept ans plus tard). Puis Abyss en 1989. Ensuite Titanic, le titanesque succès de Noël 1997! Sa réalisation coûta quelque 200 millions de dollars. Avec, en retour, 11 Oscars et une recette de 2,20 milliards de dollars!
Titanic fut ainsi numéro un absolu au box-office, n’y étant détrôné qu’en 2009… par un autre film de James Cameron: Avatar, projeté en 3D, qui obtint 3 Oscars et dont la recette s’éleva à 2,92 milliards de dollars. Avengers: Endgame est venu s’intercaler entre eux depuis avec ses 2,79 milliards de dollars.
Des histoires d’amour
James Cameron a décidé, en août 2013, de créer une saga de quatre films qui constitueraient la suite d’Avatar. C’est ainsi qu’Avatar: la voie de l’eau vient d’arriver en grande pompe sur nos écrans le 14 décembre. L’eau, encore et toujours, pour une immersion avec les Na’vis, ces humanoïdes à la peau bleue qui habitent l’exolune Pandora. Ils vont mener pour la seconde fois une guerre difficile contre les humains afin d’assurer leur survie et celle de leur monde. La sortie du troisième épisode? Elle est attendue pour 2024. «Nous pouvons redonner vie très facilement au monde que nous avons bâti pour le premier film: arbres, poissons, insectes, personnages, etc. Tout est conservé sur des disques durs. Il ne reste, à chaque fois, qu’à trouver une histoire...», indique le réalisateur canadien.
Les films de James Cameron valent surtout par leurs effets spéciaux époustouflants. Leurs scénarios, eux, manquent généralement de subtilité. Le réalisateur estime que l’avancée technologique a rendu les films d’aujourd’hui meilleurs en tant que «produits finis». Il pense aussi qu’en termes d’histoires, on ne pourra pas faire mieux que par le passé. Et de citer un film culte qu’il porte aux nues: Casablanca de Michael Curtiz. Avec Humphrey Bogart, Ingrid Bergman et Peter Lorre. C’était en 1942… «Ce qui importe, c’est de rester connecté au cœur humain, de permettre au spectateur de s’identifier aux personnages, d’éprouver des émotions, ajoute James Cameron. C’est pourquoi tous mes films sont finalement des histoires d’amour.»
Ce que nous perdons
Pourquoi cette saga des Avatar? L’univers que le réalisateur a façonné lui semble propice à l’expression des messages qu’il veut délivrer: «Tout ce que je veux dire sur la famille, la durabilité, le climat, le monde naturel, tous ces thèmes qui sont essentiels à mes yeux, je peux les aborder sur la toile de fond d’Avatar».
Le cinéaste canadien et ses quatre enfants, dont trois issus de son mariage avec sa cinquième épouse, l’actrice Suzy Amis, qui tenait un rôle dans Titanic, ont opté pour le végétalisme il y a dix ans. Convictions environnementales! James Cameron a d’ailleurs ouvert un restaurant végan en Nouvelle-Zélande, pays où il vit régulièrement. «Demander aux gens de changer de comportement, c’est comme leur demander de changer de religion, regrette-t-il. Pourtant, nous changerons ou nous mourrons! En nous remettant en contact avec un état d’émerveillement sur le monde naturel, Avatar est là pour nous rappeler ce que nous perdons.»
Diplômé en physique de l’Université d’Etat de Californie, James Cameron est convaincu de la nécessité d’amener les gens à croire en la science. «J’en suis toujours fou, je demeure le gamin qui construisait des robots à partir de boîtes en carton. Mon amour pour le cinéma est venu plus tard, lorsque j’ai découvert 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick. Réaliser des films me comble, mais mon cœur est avant tout celui d’un explorateur», a¦rme-t-il.
Surprendre encore?
Nombre de critiques de cinéma prévoient une érosion, voire une chute, de l’intérêt des spectateurs à mesure que se succéderont les quatre films de la série Avatar. James Cameron croit au contraire que les spectateurs sont prêts à «écouter une variation sur un même thème» pour autant qu’on les surprenne. «C’est ce que j’ai fait avec Terminator 2, où le méchant du premier film devenait le gentil du second.» A vérifier sur les écrans de Suisse romande dès mercredi 14 décembre.
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