Un aiguillon embarrassant Spécial
Tous les tableaux ne sont pas droits au Musée Léopold de Vienne. Certains paysages sont inclinés de deux, trois ou cinq degrés. Presque rien, mais déjà de quoi déranger. «Quelques degrés de plus feront du monde un endroit inconfortable», assure l’institution qui veut attirer l’attention sur le réchauffement climatique. Une méthode bien plus intelligente que l’aspersion d’œuvres avec quelque liquide salissant. Mais est-elle plus efficace?
Les alertes quant à la dégradation de l’état de la planète ne datent pas d’hier. Pourtant, si peu a été fait! Longtemps par insouciance, parfois par indifférence ou arrogance, et parce que le problème est malaisé à appréhender: étant tout à la fois privé et politique, et par conséquent ni l’un ni l’autre, il échappe aux facilités du si plaisant clivage gauche-droite auquel nous aimons tant le raccrocher.
Excédés, inquiets, impatients, certains s’efforcent de jouer le rôle désagréable d’aiguillon. Au risque de desservir leur cause tant la forme fait parfois oublier le fond. Perturber un débat télévisé sur Léman Bleu un jour d’élection est inacceptable, car irrespectueux des institutions démocratiques; endommager un golf l’est tout autant, car c’est la propriété qui est violée, un fondement de notre société. Peut-on en revanche tolérer le blocage d’une route deux heures durant? Cela est-il plus ou moins acceptable selon qu’il s’agit d’une opération sauvage ou d’une manifestation autorisée? Si de telles questions se posent, c’est que quelque chose dérange. C’est que, plus qu’un mais, il y a là un même si: ils ne devraient pas agir ainsi, même s’il est vrai que le climat...
Peut-on tolérer le blocage d’une route deux heures durant?
Certains actes doivent être condamnés, au figuré comme au propre – d’ailleurs, un activiste qui n’assume pas les conséquences de ses actes perd tout crédit. Mais lorsque la cause est juste, et c’est ici le cas puisque la planète doit être respectée simplement pour ce qu’elle est, il n’est qu’une chose à faire: éliminer la raison d’être de l’aiguillon. Même si cela peut aussi donner la fausse impression de justifier certains comportements délictueux.
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Entre les grandes chaleurs et la rareté de la neige, un nombre croissant d’enfants sont angoissés devant l’avenir. Des spécialistes romands livrent leurs conseils aux parents: libérer la parole et aider les enfants à agir!

Le printemps de François Walter
Après l’hiver, l’historien fribourgeois François Walter se penche sur le destin du printemps. Les représentations associées à ce moment de l’année, symbole par excellence du renouveau, sont plus ambivalentes que de prime abord. On peut même se demander si le printemps a encore un avenir avec le dérèglement climatique. Eclairage de saison.

Y’a plus d’saisons!
«Mais où sont les neiges d’antan?», se demandait François Villon dans sa Ballade des dames du temps jadis au 15e siècle. En 2023, le quidam se pose bien des questions sur le temps qu’il fait, de plus en plus sur le ton de la nostalgie. «Y’a plus d’saisons!» est une rengaine qu’on entend autant au bistrot du coin que dans les débats angoissées sur le dérèglement climatique. Il ne faut pas prendre à la légère ces échanges sur la météo. Au-delà des idées convenues, ils expriment quelque chose d’important. A l’instar de l’ouvrage passionnant de l’historien fribourgeois François Walter consacré au printemps.