Beau et triste à la fois Spécial
Dieu que le monde est triste. Même en été: la bêtise, la méchanceté et l’égoïsme ne prennent jamais de vacances et semblent réclamer une part léonine dans les médias. Sans compter que nous les retrouvons dans notre vie de tous les jours, comme si une moitié de nos semblables avait reçu pour mission d’ennuyer l’autre moitié (celle à laquelle nous appartenons évidemment tous).
L’humanité ne vit décidément pas un âge d’or. Et il est à craindre que les choses ne s’améliorent pas puisqu’elles n’étaient pas meilleures avant. La guerre en Ukraine n’est pas la première – ni en Ukraine ni ailleurs. Les défenseurs de dogmes et de vérités inutilement agressifs ne font preuve d’aucun esprit, mais le Cyrano de Rostand clouant le bec à un fat montre que ce n’est pas nouveau: «Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres, / Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres / Vous n’avez que les trois qui forment le mot: sot!». Quant à la campagne électorale qui nous attend, il est à craindre qu’elle nous offre quelques tribuns du rang de Victor Cousin portraituré sans complaisance par Hugo: «Il a toute la prétention d’un philosophe, toute l’apparence d’un charlatan, et toute la réalité d’un cuistre».
Ils sont nombreux, les hommes et les femmes de bonne volonté.
Ces traits d’écrivains nous rendent un sourire fugace, car très vite le monde se charge de nous rappeler qu’il est triste. Alors que faire? S’asseoir et pleurer paraît une réaction raisonnable. Mais on peut se souvenir, ou mieux, constater qu’ils sont nombreux, les hommes et les femmes de bonne volonté: certains offrent une oreille pleine d’espérance ou un espace de rencontre bienveillant, d’autres prennent la plume pour défendre la nature; certains s’ingénient à nous faciliter l’existence, d’autres montrent qu’on peut être rivaux sans cesser d’être complices.
L’Echo Magazine ne peut échapper à la réalité du monde. C’est pourquoi il en traite les aspects sombres et difficiles. Et c’est aussi pourquoi il en traite, et plus souvent, la beauté. Il y en a beaucoup dans ce numéro double, compagnon de vos deux prochaines semaines. Puissiez-vous dire, en le refermant: Dieu que le monde est beau!