Pair du désert Spécial
«Je voudrais surtout faire un peu de bien.» L’objectif est aussi noble que la façon dont il est formulé, qui reconnaît la limite de nos capacités et nos insuffisances. Faire un peu de bien, oui, ce serait déjà quelque chose pour les humbles créatures que nous sommes. Ces mots sont pourtant ceux du Français Charles de Foucauld (1858-1916), un saint homme ou presque, puisqu’il sera canonisé le 15 mai.
Ce dimanche-là, ils seront sept à se voir officiellement décerner une auréole et à s’ajouter à la kyrielle des saints que l’Eglise catholique nous donne en modèles. En nous appelant à marcher sur leurs traces avec humilité, certes, et confiance: nous ne sommes pas des saints, mais les saints n’en ont pas toujours été.
Nous ne sommes pas des saints, mais les saints n’en ont pas toujours été.
Humains, ils sont nos pairs du ciel, eux que leurs tribulations ont conduits sur les mêmes chemins creusés d’ornières que les nôtres. Avant d’aimer ses frères, Charles de Foucauld a surtout, militaire prodigue, aimé le monde et les festivités. Avant d’être la voix qui prie dans le désert, il a été la voix qui crie dans un désert affectif et dans le bruit. Etourdissement qui ne comble aucun vide ni n’apporte la paix.
Bouleversé par l’islam rencontré lors d’une expédition au Maroc, il sent qu’il existe «quelque chose de plus grand et de plus vrai que les occupations mondaines» et cherche un sens à sa vie. Il se confesse, et c’est un nouveau départ, c’est-à-dire une conversion. Exactement ce à quoi l’Evangile nous appelle. A un mouvement. L’amour, écrivait Charles de Foucauld, «consiste non à sentir qu’on aime, mais à vouloir aimer». Ainsi suit-on l’exemple des saints: il ne s’agit pas d’être parfait – seul Dieu l’est –, mais de chercher à s’améliorer.
Il est en ce sens heureux d’avoir devant nous de tels modèles imparfaits. Les canonisations comme celle de notre «frère universel» ne sont pas anecdotiques. Religieux ou laïcs, simples ou érudits, hommes ou femmes, bien des saints se sont trompés et se sont efforcés de faire mieux. Tout comme chacun de nous.
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